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Pauline Lecocq

JUPITER ASCENDING (critique)

Dernière mise à jour : 1 sept. 2022

On continue notre rétrospective Wachowski avant la sortie de Matrix Resurrections avec Jupiter le destin de l’univers (Jupiter Ascending). Échec à sa sortie, que vaut ce film tant décrié ? Avis de Pauline Lecocq.

Synopsis : Née sous un ciel étoilé, Jupiter Jones est promise à un destin hors du commun. Devenue adulte, elle a la tête dans les étoiles, mais enchaîne les coups durs et n'a d'autre perspective que de gagner sa vie en nettoyant des toilettes. Ce n'est que lorsque Caine, ancien chasseur militaire génétiquement modifié, débarque sur Terre pour retrouver sa trace que Jupiter commence à entrevoir le destin qui l'attend depuis toujours : grâce à son empreinte génétique, elle doit bénéficier d'un héritage extraordinaire qui pourrait bien bouleverser l'équilibre du cosmos…


Ce qu’il y a de plus frustrant avec Jupiter Ascending (on va utiliser le titre anglais dans ce papier), c’est son potentiel, gâché par des personnages très et trop lisses, un véritable manque d’alchimie entre ses deux acteurs principaux (Mila Kunis et Channing Tatum), un univers pas toujours clair et qui pourtant n’est pas inintéressant. Justement, l’univers bariolé de ce long-métrage de science-fiction/fantasy mixe beaucoup de choses, un petit côté steampunk, une louchée de space opera, une touche de Star Trek (avec les flics de l’espace et les différentes espèces... qui parlent toutes anglais). On s’y perd un peu tant ça brasse large et que ça manque parfois de cohérence. On imagine que ça aurait pu être mieux avec un format sériel, en prenant bien le temps d’expliquer l’univers et surtout de développer ses personnages (d’autant qu’on sent qu’il y a eu des coupes), l’œuvre serait ainsi probablement devenu un divertissement sympathique.

Malheureusement on tombe dans le ridicule parfois : le personnage de Caine Wise (Channing Tatum avec une (fausse ?) barbe rousse) affublé d’oreilles de loup qui fait du roller/patin à glace, le fait que l’héroïne ait TOUT LE TEMPS besoin d’être sauvée des embrouilles par Caine, et des dialogues bateau n’aident pas à pleinement apprécier le spectacle qui nous ait proposé. La pauvre Mila Kunis fait ce qu’elle peut mais on a un vrai problème avec l’héroïne qui prend TOUT très bien (aliens, autres humains, autres planètes etc…, en mode normal) et qui essaye de nombreuses fois de séduire l’homme qui n’arrête pas de la sauver alors qu’ils se connaissent depuis quelques heures… Pas crédible du tout.

La réflexion sur la réalité et les mondes, sur la résurrection, thématiques des sœurs cinéastes bien ancrées depuis Matrix, sont trop peu exploitées pour convaincre totalement. Et le discours forcé sur l’Amour nous agace quelque peu.

Pourtant, on ne peut nier certaines qualités (surtout esthétiques) au film, notamment ses magnifiques costumes et surtout ses superbes effets spéciaux, supervisés par Dan Glass, fidèle des réalisatrices sur tous leurs projets depuis 2003 et Matrix Reloaded (mais également sur Batman Begins, Tree of life ou Deadpool 2). On adore certains plans du film qui sont juste sublimes, que ce soient des vaisseaux, des cités ou des paysages de l’espace, presque des tableaux. C’est d’autant plus dommage que le scénario ne suit pas… Pourtant on n’est pas loin d’un post-Roi Lear en quelque sorte (trois frères et sœurs se battent pour un héritage particulier) avec rien que des acteurs britanniques en prime pour le côté tragédie malsaine. Eddie Redmayne est d’ailleurs assez étonnant (on peut aussi le trouver ridicule), en modulant sa voix et en la voilant. On trouve même quelques guests comme Terry Gilliam en administrateur un peu dingo dans l’une des meilleures scènes du film, soit le parcours du combattant au sein de l’administration spatiale pour faire reconnaître un statut royal mené par l’avocat Bob incarné par l’excellent Samuel Barnett (Dirk Gently pour les aficionados). Scène de comédie dans un univers rétrofuturiste qui tranche avec le reste du long-métrage. Et on apprécie le début, avec Jupiter qui raconte la rencontre de ses parents et les circonstances de sa naissance, une enfant issue de l’immigration soviétique qui est femme de ménage à Chicago, et qui est notre héroïne, chose suffisamment rare pour être notée.


Long et pas toujours divertissant, on imagine qu’un format différent aurait sans doute donner à cette œuvre un développement plus intéressant. Pas désagréable, Jupiter Ascending est surtout prévisible et déjà-vu dans son scénario, malgré son univers un peu original et fourre-tout, et ses effets spéciaux de grande qualité. En un mot : dommage.


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