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IBIZA (critique)

Sorti il y a quatre ans jour pour jour sur Netflix (plateforme sur laquelle il est toujours dispo), le film Ibiza du réalisateur Alex Richanbach est une comédie plus que réussie avec un casting inspiré et un ton au poil. Jofrey La Rosa revient sur cette comédie pour PETTRI.

Il y a neuf ans, Alex Richanbach réalisait We Are Young, sorti directement sur FunnyOrDie, la plate-forme fondée par Will Ferrell et Adam McKay (dont l'association professionnelle est désormais caduque pour une sombre histoire de trahison). C’était le premier long de ce jeune auteur spécialisé dans la comédie, tourné à l’économie pour une sortie digitale dont on était encore aux prémices. C’est un de ces longs tournés au Canon 5D, dans lequel le réalisateur incarne le rôle principal, avec pour volonté d’être un instantané réaliste de la jeunesse contemporaine et de leurs relations amicales et amoureuses. En bon film indépendant de 2013, est-ce donc du mumblecore basique ? Et bien ça fonctionne plus que de raison, le film a ce petit truc indescriptible, une vraisemblance confortable, l’étrange impression de se voir, ses amis et soi, pendant 1h30 à l’écran. Et soudain, ça nous frappe : et si internet (et la comédie) pouvait déjà (et encore) créer des auteurs ?


Il y a quatre ans aujourd'hui, on a retrouvé ce jeune cinéaste là où il est tout à fait logique de le retrouver : sur Netflix, toujours produit par Ferrell/McKay. Aux mains de son premier budget raisonnable, il rassemble trois actrices de comédie, d’horizons pourtant différents. Gillian Jacobs (Community, Love), Vanessa Bayer (SNL, Trainwreck) et Phoebe Robinson (I Love Dick) sont en effet réunies ici pour une comédie où trois femmes découvrent Barcelone puis Ibiza tout en combattant les codes d’une normalité qu’elles rejettent. Prenant le sillon ouvert par les comédies féminines R-Rated type Bridesmaids, Ibiza réussit à impressionner par une propension non négligeable à faire rire, mais surtout à être juste, et ce sur une corde plus sensible. Car outre les belles images colorées et ensoleillées, ce qu’on attend de ce genre de film est bel et bien de se poiler d’un côté et une identification subtile de l’autre. Et là, bingo. La faute notamment au casting à trois têtes, qui arrivent à la fois à provoquer des rires sonores et à donner une dimension tridimensionnelle à des personnages pour pourrait pourtant vite sembler légers. Tout ça parfois en l’espace de quelques secondes.

Ibiza n’oublie aussi jamais d’être romantique. C’est même le moteur narratif de ce film : Harper (Jacobs) s’entiche d’un DJ (Richard Madden, Games Of Thrones) à Barcelone et décide de le suivre avec ses amies à Ibiza, où il doit mixer le lendemain, pour que cette connexion se soit pas juste passagère. Au final, l’arc de ce personnage sera complet puisqu’il lui faudra s’émanciper - professionnellement d’une part, amoureusement de l’autre - et apprendre à être la leader qu’elle est au fond.


Mais tout cela n’empêche pas au film d’être la comédie outrancière qu’elle promet d’être dès les présentations avec ses personnages. Plusieurs gags soft plus tard, entraîné par un rythme rondement mené, le spectateur semble pris dans cet enchaînement de péripéties certes déjà vues, mais montrées avec assez de justesse et d’énergie pour que l’honnêteté du film reste intacte et soit même son principal atout. On est loin de ce que certains considèrent comme un grand film, mais c'est un film tellement juste, passionné et généreux qu’il est du coup assez rare, et qu’il mérite de fait d’être souligné. Il est aussi symptomatique de la filmographie de Richanbach, qui en seulement deux longs métrages, prouve sa qualité de cinéaste de comédie à plus d'un titre. Affaire à suivre.

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