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HARRY POTTER ET LES RELIQUES DE LA MORT - PARTIE 1 (critique)

Dernière mise à jour : 15 sept. 2022

La première partie de l'adaptation de l'ultime roman de la saga arrive dans le Mardi Potter de PETTRI et vient tout bousculer...

On s'approche dangereusement de la fin... Et Warner, surement autant pour des raisons d'adaptation que pour l’appât du gain, décide de couper l'adaptation du dernier volet de la saga en deux parties servant de conclusion aux aventures d'Harry Potter. C'est une des premières grandes franchises hollywoodiennes à le faire, et ça lancera une mode certaine, avec Twilight ou Hunger Games qui feront de même avec leur dernier volet. Quoi qu'il en soit, on a affaire ici à un vrai film, avec un début, un milieu et une fin, ouverte certes (par un cliffhanger rappelant le caractère sériel de l'entreprise), et qui se tient qui plus est. C'est encore David Yates aux manettes, qui revient conclure la saga dont il tient les rennes depuis maintenant deux films, toujours épaulé par les mêmes producteurs et par le scénariste Steve Kloves. On ne change pas une équipe qui gagne. Ou presque. Bruno Delbonnel, dont l'approche baroque de la photographie a sûrement fait un peu peur aux exécutifs de la Warner dans le précédent film, est remplacé par Eduardo Serra, chef opérateur éclectique dont on a pu voir le travail dans Incassable, Blood Diamond mais aussi... Pinot simple flic, Marche à l'ombre et Grosse Fatigue. Sa lumière reste néanmoins très belle, sombre mais avec de beaux volumes, de belles couleurs, souvent désaturées, à l'étalonnage précis. Aussi, exit le compositeur Nicholas Hooper, qui laisse sa place au français Alexandre Desplat, qui signera également la partition du film suivant. Mais on y reviendra plus tard.


Bien qu'on lui répète sans cesse qu'il n'est pas seul et que bien qu'il soit central dans le combat contre Voldemort, il est entouré et défendu, Harry a encore ce complexe du héros solitaire qui donne une nouvelle fois la beauté au film. On ne commence d'ailleurs pas le film avec lui, mais avec Rufus Scrimgeour, le ministre de la Magie, dans la même position qu'Harry et Dumbledore dans le film précédent : un gros plan de ses yeux, lui devant les journalistes qui font crépiter les flashs. C'est le nouveau venu – et acteur géant – Bill Nighy qui prête ses traits au ministre dépassé par les événements. Cette introduction funeste précède un montage magnifique, montrant nos personnages dans leur désespoir, là où ils sont : alors qu'Harry observe les Dursley s'enfuir, Ron reste figé à fixer l'horizon dans la maison des Weasley. Mais c'est l'introduction d'Hermione qui reste la plus belle, au rythme d'une composition saisissante de beauté de Desplat : elle efface la mémoire de ses parents moldus pour qu'ils oublient tout souvenir de leur unique fille. Dans cette mise en mouvement, on peut voir plusieurs choses à l'image du film dans son ensemble : une attention toute particulière portée aux émotions des personnages, un déplacement contraint et un abandon des proches pour les protéger. Parce qu'il s'agira bien pour nos trois héros principaux de fuir. Alors qu'on avait jusqu'à maintenant l'habitude dans chacun des films de retrouver nos héros dans le confort statique d'une année scolaire à Poudlard, on a plutôt affaire ici à un road-movie dark et fantastique, où trois héros adolescents ont la responsabilité du monde entier sur leurs épaules.


À côté de ça, on a l'espoir que représente le mariage du couple Bill Weasley (Domhnall Gleeson) et Fleur Delacour (Clémence Poésy) ainsi que l'enfant qu'attendent Remus Lupin (le toujours excellent David Thewlis) et Tonks (Natalia Tena). Mais celui-ci est mince. L'Ordre du Phénix est toujours là pour protéger Harry, parfois au risque de leur vie – le compteur des morts va s'affoler... Après les décès de Cedric, Sirius et Dumbledore, la fin de la saga s'annonce en effet funeste, les moments d'émotion pure et les gros pincements au cœur se succédant ; et le temps est compté puisqu'on en apprend davantage sur le dessein de Voldemort. Suite à une interaction avec le père de Luna Lovegood (interprété par Rhys Ifans, toujours au top), et dans une magnifique scène animée, on apprend l'existence d'un certain « Contes des Trois Frères », faisant état de trois artefacts qui, ensemble, pourrait donner à Voldemort un pouvoir inarrêtable : les Reliques de la Mort. Dans l'épilogue, évidemment frustrant, et avec des plans d'une grande beauté, on nous montre l'urgence et le côté irrémédiable de la situation qui sera celle de prochain et dernier film de la saga.


L'amour entre Harry et Ginny semble grandir graduellement, tant que Bonnie Smith, déjà excellente dans le précédent film, fait beaucoup en très peu de temps ici, soutenant le jeu de Daniel Radcliffe, définitivement meilleur de film en film. On peut aussi noter le retour (qui sera développé dans le film suivant) du grand John Hurt, interprétant 10 ans après le premier film le baguettier Ollivander, ainsi que celui de Dobby, le fameux elfe de maison libéré par Harry dans La Chambre des Secrets. Dans ce film est également installé un personnage qui sera central à l'intrigue de la saga spin-off Les Animaux Fantastiques : Grindelwald, un dangereux sorcier, ancien ami de Dumbledore qui aide Voldemort à trouver un objet d'une grande importance. Et les antagonistes de ce film – Voldemort, les Mangemorts, les Détraqueurs, les Rafleurs – sont tous des menaces réellement prégnantes pour nos personnages en perte de repères, qui sont traités de diverses manières : parfois sectaires, torturant et tuant en groupe avec sang-froid, parfois totalitaires, avec un parallèle évident et appuyé à la politique nazie (purification de la race, traque et marquage d'une population) ; tantôt ils sont de véritables spectres de film d'épouvante.

Très souvent dans ce film au rythme lancinant (dans le côté positif et maîtrisé du terme), on a souvent l'impression de voir de grandes scènes, que ce soit des scènes d'action et d'aventure remarquables et superbement mises en image, ou des scènes simples et belles, en huis-clos. Le meilleur exemple reste une scène de tête-à-tête entre Harry et Hermione, qui noient leur désarroi dans une danse maladroite et émotionnelle, une pause en suspension dans une aventure à la noirceur virale. Les deux personnages, le temps de quelques secondes, retrouvent une innocence adolescente au son de Nick Cave & The Bad Seeds.

La musique originale d'Alexandre Desplat est vraiment magnifique, faite d'émotion pure et de réels moments épiques, prouvant une nouvelle fois le talent incroyable du compositeur français. Souvent subtil, son travail est vraiment précis : dans une scène grandiose de poursuite en forêt au travail sonore superbe, la musique de Desplat vient doucement faire monter la tension, là où n'importe quel autre film hollywoodien aurait sorti tout l'orchestre pour cette scène d'action intense et viscérale. Le résultat n'en est que plus saisissant et intéressant. Lors d'une scène comparable, cette fois dans le ministère de la Magie, on assiste à ce qui fait de Ron un personnage si riche : toujours la caution du comic relief de la saga, il peut devenir en instant le genre de héros d'action impressionnant. C'est aussi lui qui est le plus affecté par le pouvoir destructeur de l'Horcruxe (qui agit un peu comme l'Anneau de Tolkien), et qui imagine que Harry et Hermione se rapprochent vraiment... Lors de leur fuite, on enchaîne les paysages somptueux et une visite à Godric's Hollow, permettant à Harry d'enfin visiter la tombe de ses parents. Harry, Hermione et Ron passent aussi par le Londres moldu, incluant habilement les enjeux colossaux du film dans notre monde, les décuplant ainsi et mettant encore davantage le poids de la réussite des actes de nos héros. Harry n'a jamais été seul, bien qu'il doive assumer le poids de son statut d'élu, mais on en est désormais sûr : son noyau d'amis et d'alliés lui sera indispensable pour vaincre Voldemort. Suite et fin au prochain épisode...

1 Comment


Amandine Thieulent
Amandine Thieulent
Mar 30, 2021

Opus bien trop souvent sous-estimé ! Ravie qu'il soit enfin apprécié à sa juste valeur :)

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