Après le succès de Paramore, sa chanteuse Hayley Williams se lance en solo pour un album très réussi et éclectique.
Le nom d’Hayley Williams ne vous dira peut-être rien, mais il est probable que si je vous dis « Ain’t it fuuuun liviiing in the reaaal wooorld » ou encore « Whaaaooo I never meant to brag but I got him where I want hiim nooooooow », vous pensiez peut-être au groupe Paramore, dont elle est la leadeuse.
Hayley Williams a fait un bon bout de chemin depuis les débuts pop punk/emo de Paramore, à commencer par le dernier album du groupe, sorti en 2017, After Laughter. Très différent du style habituel de Paramore, After Laughter conjuguait de manière aussi réussie que déconcertante thématiques sombres (liées notamment au départ d’un membre fondateur de Paramore, du divorce de Williams avec son mari, etc.) et musique très pop et dansante.
L’album solo d’Hayley Williams, Petals for Armor, est dans une veine assez similaire dans l’esprit. Rien que le titre le laisse présager : Petals for Armor, c’est une façon d’utiliser sa vulnérabilité pour se protéger. Quelque chose qu’aussi fragile que fort, en somme.
L’album se compose de trois parties, tout ayant auparavant été sorties sous la forme d’EP. Le tout en reste pour autant cohérent : on passe de chansons délicieusement funky à d’autres plus calmes, à des expérimentations électro-pop, celle-ci étant surtout représentée dans la première partie avec des morceaux comme le single « Simmer » ou encore « Creepin ».
L’un des meilleurs morceaux de l’album pour moi est celui qui introduit la deuxième partie de l’album, « Dead horse », qui représente tout à fait cette idée de la rencontre entre le sombre et le lumineux. Le morceau commence par une note vocale véritablement envoyée par Hayley Williams, disant « Alright, it took me three days to send you this but uh, sorry, I was in a depression. But I’m trying to come out of it now » (« OK, ça m’a pris trois jours de t’envoyer ça mais euh, désolée, j’étais en dépression. Mais j’essaye d’en sortir là »). Ça donne le ton : d’un côté, les choses dures qui sont arrivées (ici, son divorce et de manière générale, sa relation toxique), de l’autre, une véritable envie de s’en sortir, symbolisée par sa musique extrêmement entrainante et son pont répétant « When I said goodbye, I hoped you cried » (« Quand j’ai dit au revoir, j’espère que tu as pleuré »). Le morceau contient également des références à la musique africaine avec des « Ya ya ya ya », influencés par le groupe nigérian The Lijadu Sisters.
Musicalement, l’album est extrêmement efficace : il est vraiment dur de résister à l’envie de danser sur des morceaux comme « Taken » et sa superbe ligne de basse et sa maitrise des breaks, « Pure love » et son refrain qui reste bien en tête ou le Metric-cien « Over yet ». Dans tous les morceaux de l’album, Hayley Williams fait également preuve d’une maîtrise vocale qui prouve qu’elle est bien plus que l’image que les médias voudraient lui donner et bien plus que le pop punk de Paramore.
Un peu comme l’album de Ben Mazué récemment chroniqué, Petals for armor est un récit de reconstruction après une rupture amoureuse difficile. Mais là où Ben Mazué prend une approche apaisée et sans rancune, Hayley Williams cherche plutôt à se pardonner d’être restée dans une relation toxique et à croire à nouveau en elle-même et en l’amour. Cette quête touche à sa fin dans l’avant-dernier morceau, « Watch me as I bloom », littéralement « Regarde-moi fleurir », afin de filer la métaphore avec les fleurs.
Depuis 2005 et ses 16 ans, âge auquel Hayley Williams a rencontré le succès avec le premier album de Paramore, elle a grandi et mûri en tant qu’artiste et en tant que femme. Ce premier album en solo est une réussite prouvant qu’elle est une artiste accomplie qui n’a pas forcément besoin d’un groupe derrière elle pour réaliser d’excellents morceaux. J’ai à présent tout autant hâte d’avoir un nouvel album de Paramore que d’avoir une suite à Petals for Armor !
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