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GODZILLA VS KONG (critique)

Après trois films plus ou moins réussis, le Monsterverse de Warner arrive à une apothéose avec Godzilla Vs. Kong, qui est sorti chez nous directement en VOD !

Une grande déception. Très grande déception. Mais pas celle que vous croyez. Lorsque Warner a annoncé sortir tous ces titres de 2021 en salles et sur HBOMax en simultané, tout le monde y a vu une fin annoncée de l’expérience de la salle. En France, la sortie de leurs titres a longtemps résisté à une sortie VOD ou physique sans passer par la salle. Mais Wonder Woman 1984 a cédé, et c’est maintenant au tour de Godzilla Vs Kong, apothéose d’un “Monsterverse” initié en 2014 avec le Godzilla de Gareth Edwards (Monsters, Rogue One), puis étendu dans Kong : Skull Island par Jordan Vogt-Roberts (The Kings of Summer) puis par Godzilla II : King of the Monsters par Michael Dougherty (Krampus). Le quatrième volet de cette saga au succès grandissant voit donc s’opposer deux monstres sacrés du cinéma mondial : d’un côté le monstre reptilien issu des retombées nucléaires japonaises (mais évidemment dénué de ces considérations lorsque les Américains reprennent le personnage). De l’autre côté, un gorille géant romantique et tragique originaire d’une île isolée et déplacé à New-York. Et si le premier Godzilla faisait la part belle au gigantisme de la bébête, le filmant depuis le sol, avec un regard à taille humaine, dès Skull Island, on assiste à une proposition plus pop, presque pulp. Autant inspiré de comics et animés que de jeux-vidéo, ce film a un ton et une direction artistique qui fonctionne à 100%, avec des hommages plus ou moins subtils à Apocalypse Now et une colorimétrie chaude. Dans le second volet des aventures de Godzilla, on assiste à un spectacle encore une fois sombre et humide, mais avec de la couleur pop, qui sera encore plus exacerbée dans le film qui nous intéresse ici.


Quand Warner a annoncé le nom d’Adam Wingard à la barre de cette superproduction aux proportions hors-norme, personne n’a réellement compris. Sûrement une stratégie pour que les exécutifs et créatifs VFX puissent avoir la mainmise sur les séquences d’action. Car Wingard est surtout connu pour ses films indés mumblecore (Autoerotic) et ses thrillers horrifiques au coût réduit (You’re Next, The Guest, Blair Witch). Godzilla Vs Kong est son premier réel blockbuster, bien qu’il se soit essayé à Death Note pour Netflix, aux retours publics désastreux. Et en effet, on ne retrouve pas beaucoup sa patte ici, malgré une direction artistique soignée, aux couleurs vives et au travail sonore impressionnant. Les effets spéciaux numériques sont quant à eux vraiment réussis, dans des séquences de combats et d’action spectaculaires, qui impressionnent souvent, et mieux provoquent stupéfaction, engagement et encouragement de la part du spectateur, qui retrouve des aspects assez juvéniles à ce plaisir coupable. Par contre, l’absence (un plan, littéralement) d’échelle humaine et de danger pour les populations civiles, surtout lors du (long) combat final dessert un film certes un peu désincarné (les Godzilla peinaient déjà à passionner lors des intrigues humaines) mais au spectacle total enthousiasmant, et parfois même aux moments de cinéma assez beaux. La faute est à attribuer à une imagerie assez exceptionnelle ainsi qu’à une très belle photographie de Ben Seresin (Unstoppable, Pain & Gain), spécialiste de l’action et du visuel tape-à-l'œil bien senti.


Le film est doté d’un casting cool, bien qu’un peu accessoire, les vrais protagonistes étant les deux géants du titre. On retrouve Millie Bobby Brown et Kyle Chandler de Godzilla II, et découvre Alexander Skarsgård, Rebecca Hall, Brian Tyree Henry, Eiza González et Demián Bichir, dans des rôles de pantins simplistes, mais faisant le job, en laissant la vedette à ce qui intéresse le public de ce film décerebré mais décomplexé. Pour soutenir un spectacle visuel et sonore pareil, c’est la partition de Tom Holkenborg (ex-Junkie XL) qui vient ramener sa signature musicale electrorchestrale singulière et bruyante. Mais même vu dans les meilleures conditions à domicile, sur home-cinema ou consorts, le film avait non seulement les épaules, mais aussi la nécessité de le voir sur le plus grand écran possible, en IMAX par exemple, pour apprécier chaque seconde de ce divertissement à la grandeur audiovisuelle folle. Et la déception est là. Dans le mode de visionnage de ce film sacrifié à la hâte sur l’autel d’une crise qui “oblige” les studios à sortir leurs films sur les plateformes sans passer par la salle. Et Godzilla Vs. Kong méritait largement une sortie en salles. Mieux, il aurait de nouveau attiré le public pour assister au clash attendu et réussi entre deux mastodontes. Reste un bon divertissement, spectaculaire et loin d’être coincé, où on prend plein les esgourdes et les mirettes. C’est déjà beaucoup.


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