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FEAR STREET - LA TRILOGIE (critique)

Fear Street est l’adaptation d’une série littéraire pour adolescents à succès, sortie par Netflix sur trois semaines, et prenant trois époques différentes, trois sous-genres différents de films d’horreur pour raconter une histoire globale fraîche et enthousiasmante.

Diffusée sur Netflix, cette trilogie était à la base produite par Fox pour sortir au cinéma, chacun à un mois d’écart. Mais le rachat du studio par Disney et la pandémie de Covid ont eu raison de cet événement cinéma qu’était censé être Fear Street, pour une sortie sur le même modèle, mais sur Netflix. Reste une expérience assez exceptionnelle et originale pour qu’on puisse s’y intéresser un tant soit peu. Une proposition d’unitaires produits simultanément et diffusés sporadiquement pour qu’on puisse les voir dans l’ordre, comme on l’aurait fait dans les serials des années 1930. Et ce projet, on le doit à Leigh Janiak, une cinéaste mariée à un des frères Duffer, créateurs et showrunners de la série Stranger Things. Ce n’est donc pas pour rien que l’horreur adolescente et l’esthétique nostalgique ressortent ici, en même temps qu’on en croise deux comédiennes : Sadie Sink (Max dans la série, Ziggy ici) et Maya Hawke (Heather/Robin). Le côté référentiel est lui aussi présent, mais c’est bel et bien l’aspect “à rebours” qui passionne tant dans cette trilogie Fear Street, puisque les épisodes se déroulent en 1994, 1978 et 1666, dans cet ordre. Mais revenons film par film sur ce projet ambitieux.


PARTIE 1 : 1994

La trilogie commence donc dans les années 1990 et met en place la rivalité entre deux villes voisines : Sunnyvale et Shadyside. La nostalgie 90's règne jusque dans l’esthétique pourtant si numérique, dans des couleurs vives et dans le sous-genre employé : le slasher. Traité façon très teen, à la Halloween ou Scream, en tonalité post-post-moderne, Fear Street Part I est un film énergique, mené à 100 à l’heure et porté par un jeune casting très cool. Dès l’introduction, on nous plonge dans le bain, grâce à une scène très cravenienne avec Maya Hawke (notre chouchou) dans ce qui ressemble là encore beaucoup au mall de Stranger Things (saison 3). Puis le film déploie une mythologie qui ne fait que s’étendre, et traitant ses personnages avec beaucoup de finesse malgré un côté soap affirmé et pas mal de surprises, car il est bourré de twists. Aussi, Janiak déploie avec subtilité une relation lesbienne saine entre deux de ses héroines adolescentes, qui aura encore plus de résonnance par la suite. Mais le film est aussi un teen slasher ultra-efficace qui n’est pas tout rose avec ses personnages et son public, bien qu’il n’atteigne pas pour autant les sommets du genre. Il reste cependant d’une honnêteté plus que louable.


PARTIE 2 : 1978

Dans sa deuxième partie, Janiak s’offre une nouvelle référence principale, très codifiée : le summer camp slasher movie. Comprenez un jeu de massacre dans une colonie de vacances. C’est un sous-genre prolifique, presque exclusivement américain, dans lequel un camp de colonie bourré d’adolescents (souvent en rut) se font massacrer par un ou des assassins sanguinaires. Et c’est un sous-genre qui est né avec l'avènement du genre de l’horreur, évidemment dès les années 1970, et qui s’est décliné dans pléthore de films durant toutes les années 1980, avant de rester un incontournable par la suite, mais avec plus de parcimonie. Il y a deux ans, la série American Horror Story en faisait d’ailleurs le terrain de jeu de sa neuvième saison, nommée 1984. La date de 1978 n’est donc pas choisie au hasard, et se joue en mode flashback, raconté à aux héros du premier volet par une dénommée Ziggy, seule rescapée du massacre à venir, interprétée par l’inénarrable Gillian Jacobs. S’ensuit un déferlement de beaux moments de mise en scène ne dérogeant pas à la règle à l’œuvre dans la première partie, mais avec une esthétique adaptée à l’époque dépeinte. S’il est moins efficace que le premier volet, le film est toutefois doté de personnages archétypaux forts et de retournements de situation qu’on ne voit pas forcément venir, jusqu’à un cliffhanger final bien senti. Intéressant donc, en plus d’être intelligent, subversif et effrayant par moments.


PARTIE 3 : 1666

Dans l’ultime chapitre de sa trilogie, Janiak revient aux origines de la malédiction de Sarah Fier, la sorcière hantant Deena et ses amis. Le principe à l'œuvre, remettre ses comédien.ne.s dans les pompes des personnages de l’époque (1666, au cas où ce n’était pas clair), est à la fois déconcertant et très intelligent. Parce que la force du métrage est en cela : faire de la malédiction un plaidoyer revenchard d’inclusion homo. De plus, son écriture circulaire porte un regard bienveillant sur celles qu’on a souvent traité de sorcières à l’époque, mais qui ne faisait en fait qu’exprimer amour ou désir pour une personne du même sexe. En plus, un nouveau sous-genre de l’horreur est exploré : la chasse aux sorcières médiévale (type The VVitch ou La Chasse aux Sorcières), avec une bonne dose de malédiction diabolique. Puis le film étonne et boucle la boucle, pour un final efficace mais plus classique. Encore une petite réussite. Mais quelque chose me dit que tout cela n’est pas terminé...


En somme, si elle n’est pas révolutionnaire, cette trilogie de films a le mérite d’être originale dans sa forme et son mode de diffusion/consommation, ainsi que très propre dans ce qu’elle propose, dans une qualité qui reste constante de bout en bout. Un divertissement honnête et parfois même très réussi, qui a la bonne idée de raconter une histoire sur le long terme tout en ayant digéré ses influences, archétypes et limites. Tout cela en ayant un discours adroit sur l’homosexualité, la jeunesse et son médium. Ce n’est pas rien - et c’est même beaucoup.

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