PETTRI continue sa rétrospective Tom Cruise et se concentre aujourd’hui sur l’une de ses performances les plus marquantes dans le film Des Hommes d’honneur. Avis de Pauline Lecocq.
Synopsis : Deux avocat.e.s militaires (Tom Cruise et Demi Moore) sont envoyé.e.s sur une base de l'US Marine Corps à Guantánamo (Cuba) pour enquêter sur un meurtre. Ils se trouvent face à un mur de silence ou d'obéissance, relatif à une sorte de bizutage qui a mal tourné. Tout le monde couvre tout le monde, dans l'honneur, mais pas dans le respect de la justice…
Il y a un peu plus de 30 ans sortait Des Hommes d’honneur (A Few Good Men) (en décembre 1992 en France pour être précise). Après les succès de Princess Bride (1987), de Quand Harry rencontre Sally (1989) et de Misery (1990), le réalisateur touche-à-tout Rob Reiner s’essaye au film de procès (militaire qui plus est). Alors oui, il faut aimer les films de procès, mais ces 2h18 sont rondement menées et passionnantes, avec une enquête dans un milieu hostile.
Adapté d’une pièce de théâtre d’un jeune auteur alors en passe de devenir l’un des scénaristes incontournables d’Hollywood, Des Hommes d’honneur est inspiré d’un fait divers que lui a relaté sa sœur (alors avocate militaire). Il s’agit bien d’Aaron Sorkin, qui adapte sa propre pièce pour le grand écran, et qui écrit son premier script. On notera les dialogues brillants et percutants (comme d’habitude chez Sorkin), et une montée crescendo du suspense. Cet auteur est à son meilleur quand la parole est au centre, et l’on ne peut s’empêcher de penser, quelques décennies plus tard, à un autre film de procès qu’il a écrit mais aussi réalisé sur un événement historique qui a donné lieu à un procès : l’excellent film Les Sept de Chicago (The Trial of the Chicago 7), sorti sur Netflix en 2020. Pour revenir au long-métrage qui nous intéresse, on remarque que la mise en scène de Rob Reiner, bien que classique, évite le côté théâtral en utilisant des mouvements de caméra et des choix d’angles judicieux (plongée et contre-plongée).
Dans les rôles principaux s’affrontent Tom Cruise, Demi Moore et Jack Nicholson, très bien entourés par Kevin Pollak, Kevin Bacon et Kiefer Sutherland (il y a même Cuba Gooding Jr. et Noah Wyle dans des petits rôles). Demi Moore, avec sa voix cassée et ses yeux verts, est magnétique. On regrette de ne plus la voir. Mais c’est bien Tom Cruise qui surprend en jeune loup, avocat aux dents longues, grand frimeur avec son blouson et sa batte de baseball (qu’on peut rapprocher au début de son interprétation de Maverick dans Top Gun). Son personnage veut expédier l’affaire au début puis se prend au jeu de l’enquête et souhaite découvrir la vérité, d’abord poussé par le personnage de Demi Moore qui veut instruire le dossier. On assiste ainsi à l’une des meilleures performances de Tom Cruise et de Jack Nicholson, notamment grâce à leur extraordinaire face-à-face d’anthologie dans la dernière scène. Le film est depuis devenu culte dans le monde anglo-saxon, et vous trouverez régulièrement des memes et des gifs sur les internets et dans des conversations (si, si !).
Par ailleurs, de nombreuses années avant le scandale international, cette œuvre condamne les sévices corporels et les pratiques de torture à Guantánamo de façon prémonitoire.
Des Hommes d’honneur (A Few Good Men) est donc un très bon film sur le corps militaire, le code d’honneur et la justice, porté par des dialogues étincelants et un casting incroyable.
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