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Jofrey La Rosa

BOUND (critique)

Dernière mise à jour : 1 sept. 2022

Ce premier film des Wachowski a été réalisé en 1996, en guise de preuve de talent pour qu’elles puissent ensuite s’atteler à Matrix. Parce qu’elles avaient signé le scénario de Assassins (1995), largement réécrit, mais Bound serait une prise de température par l’industrie, avant de leur confier quelque chose de plus grand. Et alors, ça donne quoi 25 ans après ?

Bound est un thriller. Simple, efficace, sans fioritures. Une affaire de mafia, de vol d’argent, d’amour et d’adultère, de confiance brisée, de whisky et de pistolet. Ce film, on l’a vu des centaines de fois. Sauf qu’avec les Wachowski, on ne l’a pas vraiment vu. Parce que Lilly et Lana décident de faire du couple de voleurs des voleuses, les deux, dans une relation amoureuse et sexuelle entre femmes. Bound est connu pour être un thriller lesbien, mais est-ce réellement la façon correcte pour décrire ce film ? Probablement, même si le film fait suite au succès de Thelma & Louise et surfe sur la vague de thrillers sulfureux 90’s comme ont pu en produire à la pelle les jeunes de Propaganda (Se7en, Kalifornia). Le sexe de ses héroines diffèrent à plus d’un titre, puisque la méfiance du piégé (Joe Pantoliano) ne peut pas appréhender le fait que sa compagne (Jennifer Tilly) ait pu le trahir avec l’ex-détenue devenue plombière qui travaille dans l’appart d’à-côté (Gina Gershon), mais se méfie plutot de son concurrent dans la mafia (Christopher Meloni). Bound, c’est en effet l’histoire de Violet, petite amie d’un mafieux peu influent nommé Caesar, qui tombe sous le charme de Corky, une femme qui fait des réparations dans l’appartement voisin et qui vont planifier le vol d’une malette d’argent auprès du petit truand. Évidemment, tout ne va pas se passer comme prévu.


C’est de ce postulat à la fois très classique, mais avec un twist, que les Wachowski distille un thriller certes efficace, mais toutefois très convenu, quand bien même l’aspect huis-clos (on quitte que rarement l’immeuble de Caesar et Violet) permet des recherches esthétiques sur les décors et les cadrages de la part du duo de cinéastes, on reste néanmoins dans un film fini finalement assez commun. Reste la photographie très marquée par les années 1990 de Bill Pope, déjà là, et le montage nerveux de Zach Staenberg, qui sera lui aussi de la partie pour Matrix. Tout comme Don Davis à la musique, peu mise en avant ici.

Mis à part son caractère sulfureux mettant en avant une relation homosexuelle, pas grand chose donc à retenir d’un film de bonne facture, mais trop classique pour réellement passionner, mis à part quelques moments de pure mise en scène comme seules les Wachowski peuvent créer : un appel téléphonique peut devenir au choix galvanisant ou ultra tendu, les appartements voisins des jeux d’écoute et de regard. Intéressant donc de se plonger dans ce premier essai avec le grand saut, mais pas essentiel, tant toute la sève du cinéma des sœurs Wachowski semble être dans le premier Matrix, puis dilatée dans ses suites puis les films d’après.

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