Le premier film d'Olivia Wilde est sorti il y 2 ans aujourd'hui. Retour sur Booksmart, petite pépite de teen-comedy à (re)découvrir d'urgence !
Produit par la très prolifique Annapurna (Vice, Les Frères Sisters ou Si Beale Street pouvait parler), Booksmart est un teen-movie dans la grande tradition du genre réalisé par l'actrice Olivia Wilde (Tron Legacy, Dr House), dont c'est le premier film. Cette comédie emmenée par deux jeunes femmes est également produite par Gloria Sanchez, le pendant féminin des productions Will Ferrell/Adam McKay, déjà responsable du génial Jamais entre amis (Sleeping with Other People) ou de la série Dead to Me. En prenant l'adage des derniers moments de lycée de deux filles un peu marginales parmi un parterre de jeunes gens tous plus originaux les uns que les autres, Wilde part sur des territoires stimulants que la génération-Z permet : les différentes sexualités, la question de représentation, l'intelligence foisonnante, le multitasking, le numérique, etc. Sans en faire un plaidoyer 3.0 sur une génération parfois décriée mais tout autant intéressante et mouvante, Wilde tente beaucoup de choses formellement, narrativement et thématiquement qui font de Booksmart une réjouissante entrée dans ce genre très codifié.
Dans les rôles principaux, on découvre (ou retrouve) deux jeunes actrices que sont Beanie Feldstein (Neighbors 2, Lady Bird) et Kaitlyn Dever (Detroit, Last Man Standing), toutes deux non seulement excellentes, mais à l’alchimie folle. Leur personnages respectifs, Molly et Amy, amies depuis l’enfance, sont à la veille de leur graduation (la fameuse remise de diplôme, rite de passage obligé des lycéens américains). Toujours le nez plongé dans les bouquins, têtes d’ampoule toujours en train de réviser, elles se rendent compte que beaucoup de leur camarades, qu’elles ne fréquentent que de loin à l’école, sont également admis dans des universités prestigieuses, alors qu’a contrario d'elles, n’ont rien sacrifié de leur jeunesse : ils savent faire la fête, ont expérimenté pleins de choses, sans pour autant que ça nuise à leur réussite. Et les accomplissements changeants, c’est le cœur du sujet de ce film ancré à 300% dans son époque. Héroïnes féminines, représentation accrue des diverses sexualités, ton résolument libéré, ère post-numérique : tout est à l’honneur de cette Z-Gen qui fourmille d’idées, de vie et d’envies.
À l’aide d’une soundtrack rythmée par des titres hip-hop d'une pléthore d'artistes indépendants actuels, Booksmart n’en oublie pas pour autant ses classiques, allant même jusqu'à confier ses compositions originales au vétéran du genre Dan the Automator. Aussi, tous les adultes du film sont incarnés par des pointures de l’humour US : Jason Sudeikis (monsieur Wilde à la ville), Lisa Kudrow, Will Forte, Jessica Williams et même de fabuleux cameos de Mike O’Brien et Maya Rudolph. Olivia Wilde n’oublie pas non plus de soigner l’esthétique de son film. C’est ainsi qu’on se retrouve avec une lumière, des couleurs et des effets optiques tout à fait magnifiques, dans une photographie lumineuse et se servant du meilleur du numérique. La mise en scène est quant à elle tantôt simple et inspirée, tantôt réellement visionnaire (notamment dans une scène de dispute en plan séquence grandiose). Mais ce qui fait la vraie force du film, c’est ses personnages et ses interprètes, dont les seconds couteaux arrivent à tirer la couette vers eux sans faire de l’ombre aux deux héroïnes, par d’habiles jeux de costumes, de montage, de ton, qui font la part belle à Billie Lourd, Victoria Ruesga, Eduardo Franco, Molly Gordon, Diana Silvers et l’inénarrable Skyler Gisondo, génial en riche connard, évidemment bien plus sympathique que son accoutrement laisse présager. Le casting, au diapason, est en plus de ça au service d’un superbe récit d’amitié(s), de passage à l’âge d’adulte, de la fin d’une ère. C’est simple, on pourrait dire que c’est Superbad dans une version féminine et décomplexée, mais ça serait réducteur vis-à-vis de cette perle sensible, drôle et enlevée qu’on ne saurait que vous conseiller d’urgence.
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