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BLACK WIDOW (critique)

Dernière mise à jour : 15 sept. 2022

Longuement décalé suite à la pandémie de COVID-19, le premier (et seul?) film solo sur Black Widow arrive enfin en salle. Et si le MCU a souvent (eu) de bonnes idées, en était-elle une de produire ce film à ce moment-ci ? La (dure) réponse est sur PETTRI.

Apparue pour la première fois dans l’univers partagé Marvel en 2010 dans Iron Man 2, Scarlett Johansson et son personnage de Natasha Romanoff trouve enfin son film en solo en 2021, après plus de 10 ans de bons et loyaux services. Et pourtant, ce n’était pas gagné, puisque rappelez-vous que dans Avengers - Endgame, Natasha se sacrifiait pour récupérer une des précieuses Pierres d’Infinité des mains de Red Skull. Tel un ultime tour de piste, Kevin Feige et ses équipes cèdent donc à la pression populaire pour produire un épisode particulier dans leur saga tentaculaire. Particulier pour sa place dans le line-up, qui arrive après une pause de deux ans sans aucune sortie ciné du MCU, fait inédit jusqu’alors (le Covid, tu connais). Particulier parce qu’il ne s’agit pas réellement d’une envie des créatifs/financiers du studios, mais plutôt d’une pression des fans persistante. Particulier enfin parce qu’il s’agit d’un épisode en forme de flash-back (forcément, puisque le personnage est mort) - mais pas forcément de l’époque qu’on aurait voulu voir. En effet, même si Natasha et son comparse Clint/Hawkeye n'arrêtaient pas de nous bassiner avec un certain événement fondateur se déroulant à Budapest, rien de cela ici.


Le film se déroule au sortir des événements de Civil War, alors que Natasha est en fuite, se cachant de l’armée et du SHIELD, après avoir défendu manu militari les accords de Sokovie aux côtés de Iron Man ou Black Panther. Mais avant cela, nous avons le droit à une introduction se déroulant en 1995 durant laquelle nous découvrons Natasha enfant, entourée de parents et d’une petite sœur en Ohio. Cette petite famille du bonheur est en infiltration pour le bloc Est, et est obligée de fuir alors que SHIELD découvre leur véritable identité. Arrivés en lieu sûr, la mère Melina (Rachel Weisz) est gravement blessée, et le père Alexeï (David Harbour) abandonne les deux jeunes filles à leur destin de Widow, ces assassines sur-entrainées au cerveau lavé. Natasha et sa sœur Yelena (Florence Pugh) grandissent donc en entraînement pour devenir des machines à tuer, et nous retrouvons la première en fuite. Mais le destin la rattrape et Yelena l’oblige à se réinvestir dans le problème irrésolu des Black Widow dont elle s’est affranchie. Parce que si elle pensait avoir couper la tête du problème à l’époque, il n’en est rien.


Déjà, on voit ici la complexité d’un film qui aurait pu (et dû) être limpide. Le rythme est en effet à trois vitesses, et mal géré, au point où parfois l’ennui vient pointer le bout de son nez. Pourtant, les scènes d’émotion, en famille, sont souvent les plus importantes, alors que les scènes d’action et de combat sont plus souvent génériques, peu mises en scène. C’est dommage parce que bien souvent, le film est de bonne facture, réalisé avec savoir-faire, mais on a la fâcheuse impression d’assister à une série B. D’autant plus quand toutes les semaines, Marvel nous offre un épisode d’une série du MCU assez prodigieusement produit. Mais quand bien même, le film est assez réjouissant, puisque bien mené et toujours fait avec talent, même si la passion est restée à la porte. Cependant, tous les acteurs sont top, Scarlett Johansson certes, mais aussi Florence Pugh, qui a tout l’air de sa successeure. Elle porte le film, en plus d’être son ancre émotionnelle. David Harbour est vraiment drôle dans le rôle de Red Guardian, le pendant sovietique de Captain America, et Rachel Weisz très stoïque dans celui de la scientifique Melina. Et si le rôle de Taskmaster n’est pas totalement réussi, le propos du film est drastiquement élevé par Dreykov, l’antagoniste du film, à qui l’on doit le programme Black Widow, que Natasha pensait avoir tué il y a des années. En effet, ce patriarche pervers-narcissique très Weinstein, qui asservit des (très jeunes) femmes et les force à des actes innommables, ne nécessite pas plus d’explication. Et le film ne le fait pourtant pas de façon rébarbative ou malvenue, comme on pouvait le voir dans les deux autres films de super-héroïnes que sont Wonder Woman ou Captain Marvel. Ces deux films rabachaient un discours féministe construit et maladroit, barbant et finalement assez peu interessant. Le propos de Black Widow est beaucoup plus intelligent, subtil et intrinsèquement lié à son intrigue, appelant à la libération de la parole. Et ce même si le film aurait pu se passer de certains personnages et régressions, Black Widow est beau chant du cygne, fragile et imparfait, mais qu’il est bon de découvrir en salle, surtout quand au terme de la séance, on assiste aux discussions passionnées de jeunes filles et femmes qui peuvent enfin s’identifier à une héroïne complexe et passionnante - et que ce n’est pas fini...

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