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JEAN-CHRISTOPHE & WINNIE (critique)

Alors que Winnie l'Ourson : Blood & Honey sort outre-Atlantique (le personnage est désormais dans le domaine public), prenons cinq minutes pour revenir sur la dernière production Disney en date concernant le mangeur de miel préféré de notre enfance : Jean-Christophe & Winnie.

Suivant plus ou moins la tendance actuelle de Disney à refaire ses films d'animation en live, Jean-Christophe et Winnie (Christopher Robin en VO) suit Jean-Christophe, l'enfant partageant les aventures de Winnie, Porcinet, Tigrou et compagnie, alors qu'il décide de partir définitivement de la Forêt des Rêves Bleus. Dès lors, il grandit, oubliant peu à peu ses amis-peluches, rencontrant Evelyn, celle qui deviendra sa femme, avec qui il aura une fille, Madeleine, avant d'aller vers la guerre. Quand il en revient, il n'a d'yeux que pour son travail, son supérieur lui rendant la vie dure, au détriment de sa famille. Au scénario, visiblement passé entre plusieurs mains, on retrouve créditées des pattes aussi différentes que Mark Steven Johnson (Daredevil), Greg Brooker (Stuart Little), Alex Ross Perry (Listen Up Philip), Alisson Schroeder (Les Figures de l'Ombre) ou Tom McCarthy (Là-Haut, Spotlight). C'est Marc Forster qui est nommé par Disney aux commandes de ce projet quelque peu risqué. Réalisateur inégal, il est capable du meilleur (L'Incroyable Destin de Harold Crick) comme du pire (Quantum of Solace). Mais comme il retrouve Ewan McGregor, son acteur de Stay, on est en droit de se rassurer.


Quand la bande-annonce du film est sortie, on a assisté à un petit miracle. La bande de Winnie était là, dans notre monde, dans un film rappelant davantage Hook, mais ne perdant pas pour autant le type d'émotion cher à la firme aux grandes oreilles. En découvrant le film, c'est pareil. Bien que Forster use d'un sur-découpage parfois indigeste, la direction artistique choisie accroche le spectateur en un instant, dans un exercice de style à la fois joyeux et triste, optimiste et pessimiste, quelque part où se situent nos personnages. Les tons désaturées, les couleurs pastels et les effets spéciaux parfaits sont vraiment témoins d'un grand soin apporté à la direction artistique du film. On a d'ailleurs l'impression que les créatifs ont voulu faire un mélange des design des personnages tels qu'ils étaient dessinés dans les précédents films Disney et des peluches originelles, pour un superbe rendu.

Jean-Christophe, désormais carriériste au possible, a complètement mis de côté ses anciens amis poilus, si bien que la Forêt des Rêves Bleus semble aussi triste que Bourriquet. Pire, Winnie perd tous ses amis et décide de retrouver Jean-Christophe, pour qu'il l'aide à retrouver tous ses copains. Mais c'est Jean-Christophe qui doit surtout les retrouver, pour redonner sens à sa vie. En effet, ce film qui pourrait sembler anecdotique ou très enfantin cache en réalité une jolie fable sur le sens de la vie, sur la famille et sur l'amitié. Jean-Christophe doit en effet remettre sa carrière à sa place pour profiter de la vie, de sa femme et de sa fille, sans renoncer à la part d'innocence de son enfance, symbolisée quasi spirituellement par Winnie et ses amis. In fine, le film paraît même quelque peu socialiste (dans les carcans Disney, donc raisonnablement hein), tant par la solution pro-ouvrière et moyenne classe que le personnage de McGregor trouve au problème de rendement de son entreprise, que par sa morale, donc. Son supérieur, fils du grand patron, tentera de s'attribuer le travail de Jean-Christophe, non sans y perdre des plumes. Il est d'ailleurs réprimandé alors qu'on découvre son subterfuge, prétendant travailler alors qu'il passe son temps au golf (ça ne vous rappelle pas quelqu'un?), dans une interprétation tout en classe british de Mark Gatiss (co-créateur de Sherlock et y interprétant également Mycroft).


C'est sur une jolie musique originale que les événements de ce tout aussi beau film se déroulent. Cette partition vient pourtant de deux compositeurs qu'on a du mal à imaginer ensemble : d'un côté le rejeton légitime de Hans Zimmer, Geoff Zanelli (Pirates des Caraïbes 5, The Pacific), de l'autre Jon Brion, le compositeur tout en retenue des premières partitions de P.T. Anderson, ainsi que de celles de Eternal Sunshine of the Spotless Mind ou This is 40. Le film, dans son portrait d'un adulte quelque peu perdu retrouvant goût à la vie par l'enfance et l’insouciance, rappelle forcément un précédent film de Marc Forster : Neverland. En effet, dans ce film, le metteur en scène nous montrait J.M. Barrie (Johnny Depp) retrouvant son âme d'enfant en créant la pièce Peter Pan, entouré d'une autre famille pour enfin retrouver la sienne. Ce n'est pas pas une coïncidence si le film rappelle aussi le chef d'oeuvre de Spielberg : Hook. Dans ce film, Robin Williams interprète un Peter Pan adulte, plus préoccupé par son travail d'avocat que par sa famille, qui a complètement oublié le Pays Imaginaire, qui est obligé d'y retourner pour sauver ses enfants des mains de Crochet. Les similarités entre les trois films sont réelles, parfois même trop présentes, tant que Jean-Christophe & Winnie pèche un peu, car arrivant bien après. Il reste néanmoins très mignon, voire carrément très émouvant par moments, mais aussi très drôle, accessible et intéressant pour toute la famille, ce qui n'est pas donné à tous les films de ce genre.

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