Après avoir séduit Jofrey La Rosa, le nouveau film de Nicolas Bedos, Mascarade, a laissé perplexe Bénédicte Boucher. Retour plutôt "contre" sur ce film avec Pierre Niney et Isabelle Adjani, en salles dès ce 1er novembre.
Mascarade, le film aux multiples facettes
Un film pile ou face : pile le film est long et on s’ennuie, face il propose une mise en scène rythmée par des décors chauds qui se succèdent rapidement les uns après les autres avec des dialogues dynamiques. En l’espèce, il s’agira de s’intéresser au côté pile du film. Adrien, le personnage de Pierre Niney, est un jeune homme qui vit au crochet de Martha, incarnée par Isabelle Adjani, une ancienne actrice qui s’ennuie mais qui rêve encore de grandeurs. Tous deux vivent dans la gigantesque villa de la belle, cette belle un peu "Blanche-Neige" moderne, mais un peu aigrie quand-même... et finalement mi-blanche mi-reine, qui tient son petit grincheux à domicile. La villa surplombe la mer et la piscine à débordement constitue un petit personnage à elle seule, puisqu'elle sert de transitions visuelles pour certaines scènes. Piscine qui profite non pas à la"mère reine" mais à la maîtresse d’Adrien, Margot, qui est quant à elle incarnée par Marine Vacth. Martha est encrée, figée dans cette villa aux murs rouges. À l'image des diamants oubliés dans leur joli écrin rouge, Martha est elle aussi oubliée dans cette grande demeure. De plus, comme ses diamants dérobés, Martha se fera elle aussi dérober sa vie par Adrien, qui de pair avec Margot entament apparemment une course folle vers la richesse. Cette quête du bonheur se fait de manière totalement décousue, puisque les plans se succèdent très rapidement et les scènes entre elles manquent de lien...
De nombreuses images défilent mais le scénario est comme décorrélé de ces plans. L’histoire va sûrement trop vite et le temps manque pour obtenir un scénario "honnête". Comble pour un film de presque 2h30... Certains partis pris n’ont visiblement pas été pris. Le désir accru de montrer une multitude de choses au spectateur et peut être de trop car au final le spectateur ne retient quasiment rien de l’histoire. Dommage aussi de voir les deux tourtereaux un peu trop perdus, qui baisent un peu beaucoup et un peu partout. Dommage parce que cette image ne colle pas avec la morale du film. Morale comprise seulement à la fin. Parti pris de faire une chute à laquelle on ne s’attend pas du tout ? Oui c’est chouette de vouloir surprendre le spectateur à la toute fin du film, sauf que là on lève un peu haut les sourcils... Aussi, il convient d'ajouter que le parallèle avec le procès est totalement déconnecté du reste. La scène d'ouverture dévoile les raisons de ce procès, mais qu'à moitié et cela fait totalement perdre le fil du dénouement. C'est regrettable, car sur ce sujet vaste, il y avait matière à faire monter davantage la tension. Là, le spectateur est perdu, il ne sait plus sur quel pied danser. Peut-être un choix du réalisateur de laisser la possibilité au spectateur de s'identifier à la quête embrouillée des deux personnages principaux. Mais cela ne fonctionne pas puisque le spectateur s'ennuie. Certes il est possible de comprendre dès les premières secondes du film les raisons du procès, mais cette mise en scène semble fausse et les acteurs pendant le déroulé de l’audience sonnent faux eux aussi.
Finalement, il manque un fil conducteur au film, une petite baguette qui mènerait les personnages dans leur quête apparemment commune, mais la petite baguette, elle se perd au milieu du film. Et c’est seulement à la fin que le spectateur retrouve la petite baguette : c’est le réalisateur qui lui tend. Mais malheureusement cette dernière a subi des altérations et ce, sans prévenir le spectateur suffisamment subtilement. Alors à la place c’est un peu vulgairement qu’on lui jette la fin, et il faut se débrouiller avec. Mais c’est donc ça l’idée !! Ah d’accord. Franchement c’est dommage. Cette quête aux multiples facettes toutes décousues entre elles. Une revanche pour ces deux amoureux : s'emparer de la vie des riches dans l'espoir de mieux vivre. Oui mais visiblement il y’a une deuxième quête en parallèle, et franchement c’était pas clair. Et la Femme n’est pas pour autant mise en valeur.
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